Routine ayurvédique de Printemps

Tout comme chaque être humain, chaque saison possède sa propre prakruti (nature, ou constitution).  Le printemps possède donc ses propres caractéristiques.  Un dosha (faisant référence à vata, pitta et kapha, qui sont les trois principes fonctionnels psycho-physiologiques du corps) est toujours particulièrement aggravé durant chacune des saisons, et il convient donc d’essayer au maximum de le contrôler pour éviter tout déséquilibre.

Les caractéristiques du printemps

Au printemps, Kapha est provoqué (la qualité principale de Kapha étant l’eau).  Ceci cause asthme, rhume des foins, allergies, nez qui coule, etc.  Pitta prend ensuite le relais à la fin du printemps, causant des démangeaisons oculaires, des éruptions cutanées, etc.

Transitions saisonnières et nettoyage

L’Ayurveda nomme « rutu sandhi » la transition entre deux saisons : les 15 derniers jours de la saison qui se termine, et les 15 premiers jours de celle qui commence.  Ainsi, au jour où j’écris cet article, nous sommes pile poil au milieu de cette phase.

On peut comparer cette période au fait de passer de l’extérieur de votre maison à l’intérieur de celle-ci, la porte étant le passage entre les deux saisons en question.  Au passage de cette transition, vous devrez changer progressivement de vêtements, d’habitudes de vie et d’attitude liées à l’ancienne saison, afin d’entrer dans la nouvelle.

L’Ayurveda recommande un programme de nettoyage approprié durant cette phase de transition, tel qu’une thérapie panchakarma.  En fonction de votre propre prakruti (constitution à la conception) et vikruti (condition du moment), vous pouvez commencer par appliquer les mesures préliminaires au panchakarma pendant 5, 7 ou 15 jours.  Vous serez alors prêt(e) à vous lancer dans la procédure de nettoyage adéquate.

Les options possibles sont :

  • Vamana (thérapie émétique) : recommandé entre l’hiver et le printemps.  Vamana élimine l’excès de kapha et les toxines d’origine kapha de l’estomac et des autres sites kapha.  Pratiqué avant le printemps, vamana aide à éviter une provocation de kapha.
  • Virechana (purge thérapeutique) : élimine pitta et le ama (toxines) d’origine pitta au coeur de l’intestin grêle ou d’autres sites pitta.  Particulièrement recommandé pour les personnes au pitta aggravé, au passage de saison entre le printemps et l’été.
  • Basti ( lavement aux herbes médicinales) : particulièrement recommandé au sortir de l’été, afin d’éviter de développer des troubles vata durant la période automnale et hivernale.  Basti permet d’éliminer l’excès de vata et de toxines vata dans le côlon et les autres sites vata.
  • Rakta moksha (saignée thérapeutique) : élimine pitta et le ama induit par pitta au sein du système hématopoïétique.  Utile en cas de maladies de peau chroniques, d’hypertrophie du foie ou de la rate, de goutte, et de manifestations de gangrène chez les patients diabétiques.  Rakta moksha élimine non seulement pitta en excès, mais également tout surplus de n’importe quel dosha dans rakta dhatu (le tissu sanguin).  A pratiquer à la fin du printemps, uniquement sous la supervision d’un médecin ayurvédique (remarque : un bon moyen, utile de surcroît, de pratiquer cette thérapie est de faire don de son sang).
  • Nasya (thérapie nasale) : permet d’éliminer les résidus doshiques du système nerveux.  Nasya est administré par le nez, qui est la porte du cerveau et de la conscience.  On utilise des huiles ou ghees médicinaux, et des poudres phytothérapeutiques, soit pendant ou après le panchakarma, à toute saison.  Faire un nasya au ghee est particulièrement recommandé quotidiennement pour tous (voir l’article sur jala neti, le nettoyage du nez à l’eau saline).

Veuillez noter qu’il ne s’agit ici que de recommandations générales, et que seul un spécialiste ayurvédique sera capable de vous conseiller efficacement et précisément.

Routine saisonnière de printemps

La « reine » des saisons est le printemps.  Durant celle-ci, Mère Nature se réveille, et udana vayu (l’un des 5 sous-types de vata dosha, udana est une énergie ascendante, à travers le diaphragme, les poumons, les bronches, la trachée, et la gorge ; il gouverne l’expiration, et est responsable de la parole, de l’expression, et de toute action qui nécessite un effort ; il stimule aussi la mémoire et aide une personne à sortir de la confusion, de l’attachement, de la dépression, etc.) favorise la germination, la croissance et l’éclosion.  Le printemps est doux, frais, et plein de couleurs, notamment dans les tons verts.  C’est une période de croissance, d’essais, de nouveauté, de nouvelles habitudes.  Les gens se sentent ainsi généralement « énergisés » en sortant de l’hiver, et c’est la période idéale pour jardiner et admirer la beauté de l’éclosion des fleurs printanières, et aussi pour écouter les oiseaux chanter dans les arbres.

Durant le réchauffement du printemps, toute neige accumulée durant l’hiver commence à fondre, et il y a une prédominance de kapha dans l’atmosphère.  De façon analogue, toute accumulation ou stagnation de kapha dosha dans le corps commence à se liquéfier et à s’échapper hors du corps, cause les traditionnels rhumes de printemps.  Les traitements spécifiques pour éliminer kapha sont snehana (oléation interne) et svedana (sudation), suivis de vamana (thérapie émétique).

C’est aussi au printemps que se développe le pollen et les fragrances florales, rendant la plupart des personnes vata et pitta heureuses et enjouées.  Cependant, de nombreuses personnes kapha, ainsi que celles ayant accumulés du kapha pendant l’hiver, développent rhumes des foins et autres allergies.  Le Panchakarma aide dans ce cas, de même que des nasya spécifiques (précédés du nettoyage du nez à l’eau saline).  Il peut également être utile de se gargariser la gorge avec un peu de miel dans de l’eau chaude, ou encore avec une cuillère à café de curcuma et une autre de sel de l’himalaya dans de l’eau chaude également.  Ces mesures permettent de pacifier kapha dans la région de la gorge.

Nasya (et jala neti) est la première mesure du traitement panchakarma pour éliminer kapha du nez, des sinus, et de la tête.  L’utilisation de l’huile médicinale de vacha (1 part dans une part d’huile de sésame) est particulièrement utile.  Il sera utile de faire précéder l’administration de l’huile par un nettoyage du nez à l’eau saline (solution isotonique), ou jala neti.

Le Trikatu (mélange en parts égales de gingembre en poudre, poivre noir, et pippali – poivre long – disponible sur commande à l’Espace Shanti) est particulièrement recommandé pour pacifier kapha, améliorer la digestion, et éliminer les toxines.

Le cumin, la coriandre, et le fenouil, en tisanes, sont également utiles, et légèrement diurétiques, tout en aidant à éliminer les toxines.

Le Sitopiladi (disponible sur commande à l’Espace Shanti) est aussi utilisé de façon ciblée et spécifique en cette saison pour pacifier kapha dosha et lutter contre les rhumes, maux de gorge, sinusite, toux, etc.

Les huiles essentielles d’ambre et d’eucalyptus permettent également de se débarrasser de l’excès de kapha dosha.

Par dessus tout, le printemps est généralement une saison saine, sauf pour les personnes kapha ou avec un déséquilibre kapha.  Cependant, si vous vous efforcez d’éliminer l’excès de kapha durant la période pré-printanière ou de transition, l’incidence des allergies, des rhumes des foins, et autres refroidissements pourra être maîtrisée.  La nourriture joue également un rôle majeur : voir cet article.

L’Ayurveda dit que dormir durant la journée peut augmenter kapha, et ralentir la digestion, ce qui est particulièrement à éviter durant le printemps.
L’air conditionné est aussi à éviter tant que possible, car ceci peut provoquer tout kapha accumulé qui n’aurait pas encore été éliminé, causant des troubles kapha associés.
Evitez également les baignades trop fraîches, réservez-les pour la période estivale.

Au printemps, il est conseillé de se lever tôt et, après le brossage des dents et le grattage de la langue, de faire une promenade matinale.  Vous pouvez ensuite appliquer de l’huile de sésame sur tout le corps (abhyanga en auto-massage), suivi d’une douche bien chaude, en vous lavant au savon de neem (disponible à l’Espace Shanti).  Ensuite, vous pouvez pratiquer quelques asanas (postures) de yoga réduisant kapha, tels que la salutation au soleil, le bateau, l’arc, le pont, le lotus, la sauterelle, le lion, le chameau, le cobra, la vache, le chat, et toutes les torsions vertébrales.  Il est conseillé de pratiquer sous la supervision d’un professeur de yoga expérimenté, puisque certaines de ces postures peuvent conduire à des blessures si elles sont mal exécutées.

Le Pranayama peut suivre la pratique de yoga, et enfin la méditation, qui est de toute façon hautement recommandée en toute saison.

Comme le printemps est une saison kapha, il s’agit également d’une période d’accumulation potentielle de meda dhatu (tissu graisseux).  Aussi, une activité physique active sera bénéfique : courir, sauter, marcher rapidement, la randonnée, de même que le cross-training sont toutes des activités qui permettent de brûler l’excès de kapha.

Des herbes et plantes utiles pour augmenter agni (le feu digestif) et pacifier kapha dosha sont le chitrak, kutki, punarnava, trikatu et shilajit (disponible à l’Espace Shanti).  Celles-ci sont extrêmement utiles aux individus kapha ou à déséquilibre kapha à cette période de l’année.

Routine de printemps

  • Mangez des aliments pacifiant kapha (aliments légers et facile à digérer).
  • Focalisez-vous sur les saveurs amères, piquantes et astringentes.
  • Utilisez de petites quantités de miel pour sucrer vos tisanes et/ou repas.
  • Jeûnez un jour par semaine, de préférence le lundi (jour de la lune, associé à la mer et à l’eau, élément principal de kapha).  Jeûner n’est pas forcément recommandé durant les autres saisons.
  • Buvez des tisanes d’herbes ou épices chauffantes et nettoyantes : gingembre, cannelle, cardamome, clou de girofle.
  • Restez éveillé un peu plus tard le soir, jusqu’à minuit pour les individus kapha.
  • Pratiquez régulièrement yoga, méditation et pranayama.
  • Restez dans un environnement chaud et sec.
  • Administrez-vous quotidiennement un nasya avec une préparation médicinale d’huile de vacha.

Nasya

A gauche : image tirée du livre « Textbook of Ayurveda Volume 3 » du Docteur Vasant Lad.

Choses à éviter au printemps

  • Evitez les aliments qui aggravent kapha.
  • Evitez les excès de goûts doux (sucré), acide, et salé.
  • Evitez les aliments gras et frits.
  • Evitez tous les aliments lourds.
  • Evitez de manger un petit-déjeûner trop copieux et trop lourd.
  • Evitez de grignoter entre les repas, sauf peut-être des fruits séchés ou des pommes (et pommes de grenade).
  • Evitez les boissons froides ou glacées.
  • Evitez de dormir en journée.
  • Evitez l’exposition au pollen, à la poussière, et à la saleté.
  • Evitez les courants d’air (air conditionné).

Massages ayurvédiques recommandés au printemps…

abhyangaPour accompagner le processus de nettoyage du corps, et lui permettre de se purifier des accumulations de kapha liées aux petits excès de l’hiver, l’abhyanga traditionnel est particulièrement recommandé.  Ce massage restaure l’énergie vitale, nettoie et nourrit l’ensemble des tissus du corps, draine les toxines et purifie le mental de ses contenus.  Il sera adapté à la saison avec une huile un peu plus chauffante et stimulante, une quantité inférieure à ce qui est couramment utilisé pour ne pas surcharger agni (le feu digestif), et avec des manoeuvres un peu plus vigoureuses et énergiques afin de stimuler le métabolisme et l’élimination des déchets.

Pour l’abhyanga traditionnel, prévoyez environ 1h45′ à 2h de votre temps : accueil autour d’une tisane ayurvédique pendant lequel nous discuterons de vos besoins et attentes, suivi du massage à proprement parler, et d’un petit débriefing pour conclure.


 

marmabhyangaIl peut également être intéressant, au sortir de l’hiver, de relancer les différents systèmes du corps, en les « remettant à zéro ».  Le marmabhyanga massage énergétique des 107 points Marma – est le massage idéal pour rééquilibrer le corps et le revitaliser.  Par des pressions plus ou moins appuyées sur des points bien précis à l’intersection du corps physique et du corps énergétique, il stimule le Prana (Enegie Vitale), et agit au niveau subtil sur les organes, les nadis (canaux énergétiques) et les chakras (centres énergétiques).  De plus, il restaure la circulation énergétique, purifie le corps et le mental, et soutient le bon fonctionnement des organes.

Pour le marmabhyanga, prévoyez environ 2h de votre temps : accueil autour d’une tisane ayurvédique pendant lequel nous discuterons de vos besoins et attentes, suivi du massage à proprement parler, et d’un petit débriefing pour conclure.


 

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Ces conseils sont d’ordre purement informatif, et ne se substituent pas à un avis médical.  Pour plus d’infos selon votre propre constitution, consultez un praticien ayurvédique expérimenté.

 

Dimitri La Penna
Praticien Ayurvédique

Espace Shanti
Rue de la Citadelle 124
1er étage – Espace n°30

7500 Tournai
www.espaceshanti.be

+32 497 73 40 49
dimitri@espaceshanti.be

 

Bibliographie : « Textbook of Ayurveda » – Dr Vasant Lad

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